Archives mensuelles : octobre 2018

Paul François, un céréalier à la vie «empoisonnée» par Monsanto

Par Coralie Schaub, photo Claude Pauquet (Vu pour Libération) — 6 novembre 2017 à 20:46

Paul François, dans son exploitation agricole à Bernac, le 3 novembre.

Intoxiqué par un produit de la firme américaine, cet agriculteur vient de publier un livre sur dix ans de bras de fer judiciaire. Malgré les difficultés morales et financières, les doutes et la fatigue, il ne veut rien lâcher.

Le sort des victimes le préoccupe. « J’ai bien peur que les criminels qui ont sciemment empoisonné des milliers d’agriculteurs ne seront jamais condamnés. Je parle des firmes en général, il n’y a pas que Monsanto. Comme de ceux qui ont fermé les yeux sur cet empoisonnement. J’ai peur qu’il se passe exactement la même chose que pour l’amiante : on l’a interdit mais les responsables sont impunis et les victimes sont toujours là.»

Il se bat pour la création d’un fonds d’indemnisation des agriculteurs.

«Excusez-moi, je suis fatigué.»

Paul François répète souvent cette phrase, ponctuée d’un long soupir. Quand nous le rencontrons dans un café parisien, le 18 octobre, le céréalier charentais s’apprête à courir radios et télés pour parler de son livre, Un paysan contre Monsanto (Fayard). Il y raconte son combat contre la multinationale américaine, qu’il a osé attaquer en justice en 2007, trois ans après avoir été intoxiqué avec son herbicide Lasso, désormais interdit. «Quelqu’un m’a dit qu’on se croirait dans un thriller, mais non, c’est bien la réalité», souffle le quinquagénaire. Continuer la lecture

Désherbage chimique à Fréhel

Il n’y a rien à ajouter à ce témoignage d’un de nos adhérents si ce n’est que nous sommes solidaires de son exaspération. Nous rappelons l' »Arrêté préfectoral du 2 Août 2018 établissant le programme d’action régionale en vue de la protection des eaux contre la pollution par les nitrates d’origine agricole » qui interdit (§3.2.1) tout traitement phytosanitaire des cultures intermédiaires pièges à nitrates, de même toute destruction chimique.

 

« Je vous envoie ces photos pour témoigner de l’incompétence ou de la bêtise de certains agriculteurs qui continuent de désherber chimiquement leurs parcelles.

Les photos ont été prises en septembre sur les routes de Carrien et entre le bourg de Fréhel et Pléhérel Plages. L’herbicide a été pulvérisé, pour l’un, sur un semis d’engrais vert (navette ?) et l’autre pour éviter la repousse après une récolte de colza. Je ne connais pas le type de désherbant utilisé, on ne peut que constater sa terrible efficacité, et cet épandage a eu lieu à proximité d’habitations.

Nous avons subi depuis des décennies l’arrivée de l’agriculture intensive sur notre territoire. Le paysage a été bouleversé, les haies abattues, les pommiers et autres arbres qui gênaient, déracinés. Les zones humides si utiles à la biodiversité ont été semées de maïs, les mares et les fossés comblés, nos puits pollués. Les petites fermes ont toutes disparu pour laisser place à de grandes exploitations sans âme.

Voilà, c’est juste un coup de gueule de quelqu’un qui aime sa commune et qui aimerait que ses descendants profitent d’une nature un peu préservée.

Je suis repassé lundi 2 octobre à côté de l’un des champs : il avait été retourné, le poison devenu invisible. Quelques goëlands essayaient de trouver quelques vers de terre…les pauvres !