Eau rage, eau désespoir

L’eau est le support universel de toutes les formes du vivant, sa qualité se décline en chaque lieu en fonction des spécificités locales. Globalement, en Bretagne comme ailleurs, la situation se dégrade avec l’augmentation de la population et celle des activités économiques. Tout le monde le constate et le déplore ; mais le caractère multi-causal fait que chacun peut le reprocher aux autres. Que peut faire une petite association locale pour améliorer les choses ?

L’identité bretonne est marquée par la coexistence d’intenses activités de la terre (agriculture et élevage…), et de la mer (pêche, conchyliculture, ostréiculture,… stations balnéaires). Les contraintes associées à chacune de ces activités les rendent parfois difficilement conciliables ; pourtant, il le faut, dans le respect de la qualité de l’environnement pour chacun et pour tous.

« Fréhel environnement » ne peut se désintéresser de ce problème malgré sa complexité. Conscients de la difficulté, pour l’année 2017 nous avons élaboré un plan d’actions pratiques, que nous voulons utile à tous… et qui soit à notre portée.

Nous avons consulté des personnes investies depuis longtemps dans les activités de la terre et de la mer. Elles nous ont amenés à distinguer un cycle de l’eau « produit de consommation » pour lequel la technologie des hommes du métier garantit la maîtrise de ce que l’on nous distribue, et un cycle de l’eau « élément d’environnement » pour lequel les contraintes, les habitudes et les comportements ne sont pas toujours adaptés, ce qui induit une dégradation de notre environnement, et accessoirement, un enchérissement du traitement de l’eau « produit de consommation ». Nous avons dressé une liste des principaux contributeurs, qui, pour la plupart sont connus et traités de longues dates, mais qui doivent inlassablement faire l’objet d’attention et de corrections. Les connaître est déjà une marque d’intérêt indispensable et nécessaire ; nous nous appliquerons à en donner des schémas les plus clairs possibles.

Les paramètres régissant les interactions des activités humaines et de l’eau sont trop nombreux (chimiques, biologiques, effets des rejets, effets du ruissellement, effets du stockage dans les nappes phréatiques et le sous-sol, types de cultures, épandages, types d’élevages,……) et leurs influences directes et indirectes trop variées et trop complexes, pour prétendre dresser un cahier des charges exhaustif du « cycle » à l’usage de chacun des acteurs (c’est la méthode que suivent les adeptes d’une politique normative, qui n’a de sens qu’à grande échelle). Localement, on ne peut mesurer l’adaptation, ou plutôt l’inadaptation de nos actions qu’à l’apparition de conséquences (algues vertes, pollution biologique,…) ; il n’y a de bonne politique que réactive (pilotage du point de fonctionnement le plus laxiste acceptable, par une surveillance et des corrections constantes). Cette adaptabilité complique la vie des citoyens et des professionnels, c’est pourquoi il ne faut la provoquer qu’en cas de nécessité ; mais alors, il faut la provoquer absolument.

C’est là que s’inscrit le rôle, qui ne peut qu’être modeste, d’une association comme la nôtre, et ceci sous deux formes. La première est une surveillance locale au fil de l’eau, si l’on peut dire, et pragmatique (nous voulons dire non polémique) ; la seconde est une participation à l’analyse des chaînes de causalité avec des spécialistes. Lorsque sont identifiées des inadaptations patentes, notre rôle est de le dire à ceux qui en sont les auteurs, et à ceux dont la charge est d’y mettre fin en apportant, aussi modeste soit-elle notre connaissance en la matière. Il faut le dire, le redire, et le redire encore, car, même si l’on ne veut pas se l’avouer, nous sommes tous conscients qu’il faudra bien se corriger un jour.