Eolien Offshore : l’avenir de la filière française en question

Source : le Figaro Economie, publié le 19 mars 2016. F. de Monicault, B. Bayart.

Selon certaines sources, la technologie Areva ne serait finalement pas retenue pour équiper trois champs en France. De son côté, le gouvernement souhaite fermement la constitution d’une filière complète et compétitive.

Rififi autour de la filière éolien offshore française. Six champs au large des côtes ont déjà été attribués par les pouvoirs publics – à trois consortiums pilotés par EDF, Engie (ex-GDF Suez) et l’espagnol Iberdrola – mais la question de la réalisation des équipements se pose avec de plus en plus d’insistance, sachant qu’aucune usine de fabrication de ces équipements n’est encore sortie de terre. Vendredi, des sources citées par Reuters ont indiqué que la technologie Areva, qui doit équiper trois site sur six – ne serait finalement pas retenue. Voici un an, l’activité éolien offshore d’Areva a fusionné avec celle de l’espagnol Gamesa au sein d’une co-entreprise baptisée Adwen, mais quelques mois après Gamesa a été racheté par l’allemand Siemens, dont les éoliennes équipent déjà 60% du marché mondial de l’offshore et n’ont donc pas besoin a priori de la nouvelle gamme qui figure dans la corbeille de la mariée. Rappelons que dans le cadre du premier appel d’offres, Areva est associé à l’électricien ibérique espagnol Iberdrola pour construire 500 mégawatts (MW) à Saint-Brieuc. Par ailleurs, dans le cadre du second appel d’offres, Areva a remporté deux autres champs, pour un total de 1000 MW, à Noirmoutier (Vendée) et au Tréport (Seine-Maritime). Pour ces deux autres sites, le consortium est emmené par Engie. De son côté, Siemens, qui a été candidat en France mais qui finalement n’a pas été retenu, développe avec succès ses éoliennes dans le monde puisque l’allemand équipe 60% du marché mondial offshore.

Une filière industrielle complète et compétitive

Mais bien plus que le choix d’une technologie, la question qui se pose est celle de la reprise de Siemens des trois champs de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), Noirmoutier (Vendée) et du Tréport (Seine-Maritime), attribués initialement à Areva avant l’association avec Gamesa. En face, Alstom, retenu pour les sites de Fécamp (Seine-Maritime), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Courseulles-sur-Mer (Calvados) pourrait être tenté de reprendre ces champs dont le cahier des charges implique des engagements très fermes en matière de construction d’usines et de création d’emplois. Pour le moment, aucun protagoniste industriel dans ce dossier ne fait le moindre commentaire. En revanche, le gouvernement fait savoir que l’enjeu pour la France est simple avec la constitution d’une filière industrielle complète et compétitive avec une forte empreinte industrielle sur le territoire en vue de pouvoir répondre aux défis de la transition énergétique. Dans ce contexte, le gouvernement se prononcera à l’aune des propositions qui lui seront soumises, sachant que les conditions d’attribution des six champs l’ont été sur une base de 226 euros le mégawatthuire (MWh) environ, très supérieurs aux 140 euros en vigueur dans le reste de l’Europe.