Eoliennes en mer : pour le parc naturel marin au large du Tréport et de Dieppe, c’est un grand « NON »

Le Parc Naturel Marin rassemblant les acteurs économiques, environnementaux et politiques locaux a dit non au projet d’éoliennes en mer au large du Tréport et de Dieppe

actu.fr, Publié le 20 Oct 17 à 17:57|Modifié le 20 Oct 17 à 20:56

Aux alentours de 16h, ce vendredi 20 octobre, à Garopôle à Abbeville les instances du parc naturel marin (PNM) des estuaires picards et de la mer d’Opal ont dit clairement « non » par 34 voix, 20 favorables et deux bulletins blanc, quant à l’implantation d’une ferme éolienne offshore au large de Dieppe et du Tréport.

Plus de 10 ans de débat

Ce projet sur les rails depuis plus de dix ans, serait le premier parc éolien en mer de France. Le premier mais pas le dernier au vu des objectifs de l’Etat quant au développement des énergies renouvelables. Seulement, les débats n’ont jamais été un ruban de velours, et pour le coup environnementalistes, pêcheurs en mer, de très nombreux élus locaux partageaient le même point de vue : une localisation mal choisie et un dialogue de sourd avec le promoteur et les services de l’Etat. Aussi, réticences, vives inquiétudes et oppositions nettes ont grossi et l’ont finalement emporté ce vendredi soir… Dominique Godefroy, président du PNM, a annoncé un résultat sans appel, mais qui ne devrait pas pour autant être synonyme « d’affaire classée « , puisque désormais c’est à l’agence française pour la biodiversité (AFB) de s’exprimer.

Celle-ci donnera son avis le 27 novembre prochain. Et la modification du code de l’Environnement, il y a quelques mois, établit que désormais c’est la position de cette organisme public dépendant du ministère de la Transition Ecologique et Solidaire (Environnement) qui fait foi… et non plus celle des Parcs Naturels Marins comme par le passé.

Si l’agence française pour la biodiversité venait a opter pour un avis contraire au nôtre, il est évident que je présenterai ma démission

Et au sortir de ce vote ce vendredi, le président Godefroy, qui avait déjà prévenu de sa position quant au respect du choix du PNM, a été clair :  « Si l’agence française pour la biodiversité venait à opter pour un avis contraire au nôtre, il est évident que je présenterai ma démission » . Et dans son sillage, c’est la majeure partie du directoire qui lui emboîterait le pas, à l’instar d’Emmanuel Maquet, député Les Républicains, de la troisième circonscription de la Somme (couvrant le littoral) :  » je quitterai moi aussi mon siège au PNM si nous sommes désavoués !  » , « nous ne sommes pas contre l’éolien en mer, et nous sommes conscients de la nécessité de développer les énergies renouvelables, en revanche ce projet manque depuis le départ totalement de concertation« .

Ce dossier est en l’état absolument pas recevable

Sur le parvis de Garopôle ils sont une poignée à venir féliciter les opposants à ce projet, parmi lesquels notamment, Thierry Ruellet, chercheur au GEMEL (groupe d’étude des milieux estuariens et littoraux) : « ce dossier n’est en l’état absolument pas recevable. Les choses devaient être revues en profondeur, mais nous n’avons pas été entendus et nous n’avons reçu aucune garantie sur des points essentiels. Les énergies renouvelables ne peuvent pas être développées à n’importe quel prix… », « si d’aventure on nous poussait à la démission, car notre avis ne serait pas pris en compte par l’AFB, il est évident qu’il faudrait que les services de l’Etat et le ministère assument d’imposer le projet à l’encontre de l’ensemble de la population locale. Dès lors on passerait un cap ! Et je ne peux pas imaginer que ce soit le cas quand même« .

Picardie Nature et les pêcheurs en mer sur la même ligne

Même son de cloche pour Picardie Nature, par la voix de son président Patrick Thiery, ou encore Olivier Becquet, président de la coopérative des pêcheurs du Tréport. Le premier s’étrangle encore « ce projet a de toute façon dès le départ été très mal localisé« . Et le second de rappeler que la Normandie représente la deuxième région nationale en terme de chiffre de pêche en mer, après la Bretagne, « et aujourd’hui on veut tuer cette économie avec l’implantation d’éoliennes en mer (…) il en va tout bonnement de zones de pêches ancestrales qui donnent aujourd’hui des ressources d’une grande richesse. En ce moment même, plus de cent bateaux y pêchent la coquille Saint-Jacques, et on veut terrasser les fonds ? ».

Difficile de trouver une voix favorable au projet à la sortie du vote. Tout d’abord, parce qu’officiellement le vote se déroulait à bulletin secret, et d’autre part car personne ne faisait connaître sa déception sur le parvis de Garopôle. Même Benoît Lemaire, sous-préfet d’Abbeville, habituellement plutôt loquace et avenant, se faisait light sur la question : « je ne m’exprime sur le sujet« , puis de filer le téléphone portable vissé à l’oreille. Peut-être avec les services du ministère de Nicolas Hulot ?

2e round le 27 novembre

Toujours est-il que les services de l’Etat qui encourageaient à voter pour le projet quelques heures ou quelques jours avant le scrutin, ont finalement essuyé une défaite… Mais pas perdu la guerre.

La « revanche » lundi 27 novembre à l’agence française pour la biodiversité à Paris, ou alors le classement définitif du projet tel que présenté aujourd’hui…