Le rapport de la commission d’enquête sur l’éolien en Baie de St Brieuc est-il objectif ?

A propos du rapport de la commission d’enquête sur le parc éolien en baie de Saint-Brieuc, et de certaines  inexactitudes, involontaires ?

Tout d’abord un bref extrait du rapport :

« Projet de construction d’un parc éolien en mer en baie de Saint-Brieuc  

Enquête publique unique du 4 aout 2016 au 29 septembre 2016  Arrêté Inter-Préfectoral du 5 juillet 2016

PARTIE 2 – Conclusions et avis    …………………

2-3.  Conclusions et avis de la commission d’enquête

2-3.1 Conclusions et avis sur la demande d’autorisation d’utiliser le domaine public maritime  …………………

La commission d’enquête considère que : (p 73)

 La construction d’un parc éolien dans la baie de Saint-Brieuc s’inscrit dans le cadre du Grenelle de l’environnement et de la Loi du 17 août 2015, etc….

 Ce projet constitue un élément majeur du « Pacte électrique Breton » de décembre 2010, etc…. 

Le parc éolien, d’une capacité installée de 496 MW, fonctionnera 95 % du temps avec un facteur de charge de 39 % (contre 23 % pour l’éolien terrestre) et apportera sur le réseau 1 850 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation de 850 000 habitants (chauffage compris). Il contribuera de façon significative au mix énergétique, etc…

Considérons ce dernier passage significatif de l’enquête, au chapitre « Conclusions et avis », et intitulé « La commission d’enquête considère que » : il reprend, sans vérification aucune les valeurs indiquées dans un article du journal Ouest-France du 23 octobre 2015, signé Thibaud Grasland sous la dictée manifeste d’Ailes Marines, mais en y ajoutant un coefficient de charge de 39% qui n’était certainement pas celui retenu par Ailes Marines car la quantité d’énergie électrique apportée sur le réseau sur un an de fonctionnement avec ce facteur de charge (qui nous parait optimiste) ne peut en aucun cas atteindre 1850 GWh, voir ci-après le calcul :

496 MW x 0,39 x 8760 h = 1695 GWh (et non 1850 GWh).

Par ailleurs, Ailes Marines et la Commission d’enquête annoncent le nombre d’habitants potentiellement alimentés par cette énergie : 850 000, chauffage compris. Une simple règle de trois  ramène déjà ce nombre à 779 000 habitants (pour tenir compte des 1695 GWh au lieu des 1850 GWh). En considérant la moyenne de 2,2 habitants par foyer (statistiques du logement en Bretagne 2015), 779 000 habitants représentent 354 000 foyers. La production éolienne de 1695 GWh correspondrait donc à une consommation moyenne, par foyer et par an de 4800 kWh, ce qui est cohérent avec les statistiques des distributeurs d’électricité (4700 kWh), sauf que la valeur donnée par les distributeurs est hors chauffage électrique.

Par conséquent de la part de la commission (et d’Ailes Marine ?) il aurait été plus honnête, au lieu de dire « chauffage compris » de dire « hors chauffage électrique » !

Mais alors, que deviennent les foyers équipés « tout électrique » ? Toujours selon les statistiques disponibles sur internet, 33% des résidences principales en France utilisent l’électricité pour leur chauffage et dans ce cas les consommations ne sont plus du tout au niveau des 4700 kWh/an mais beaucoup, beaucoup plus ! Un sondage réalisé parmi les adhérents de Fréhel Environnement chauffés à l’électricité donne des consommations selon les surfaces de 8000 à plus de 40000 kWh / an.

Correction faite de ces 33% de foyers chauffés électriquement, c’est donc 425 000 habitants qui seront alimentés par les éoliennes en baie de St Brieuc, soit la moitié de ce qui est annoncé et… 0 habitant en période de hautes pressions hivernales, sans vent… sauf, bien sûr si la centrale à gaz de Landivisiau accepte de démarrer à ce moment, mais il parait qu’elle ne sera pas construite pour ça !

Conclusion : on peut donc affirmer que les informations données sur ce sujet par la Commission d’enquête sont erronées, qu’elles reprennent les propos du consortium en charge du projet,  et se poser la question, du coup, pour les autres conclusions du rapport :

Quel est le degré d’objectivité réel de cette commission d’enquête ?

Jean-Marie Beaudlet

Fréhel Environnement