Ce qui pourrait bien arriver chez nous…

Eoliennes, la grande invasion (Auvergne Info Magasine)

Les projets éoliens sortent comme des champignons en Auvergne, et le délai de recours vient discrètement de passer de six à deux mois.

1- Les éoliennes aujourd’hui peuvent atteindre 150 mètres de haut, soit la moitié de la tour Eiffel.
« On découvre tous les jours des projets de parcs éoliens, comme à Boudes fin 2014, à Manzat, ou près de Montpeyroux, classé plus beau village de France. Rien n’arrête les sociétés d’éoliennes qui voudraient même installer leurs mâts à la Banne d’Ordanche ! » explique Alain Chenut, vice- président de Stop Eole collectif Auvergne/ et de Du vent les éoliennes…

Il poursuit : « Et c’est partout en Auvergne. Les dernières Municipales ont tordu le cou à quelques dossiers. L’étude d’impact d’un projet de 25 éoliennes de 100 mètres de haut dans le Livradois qui regroupe plusieurs communes autour de St-Germain-L’Herm, vient de recevoir un avis défavorable de l’armée de l’air en raison de la présence de deux couloirs aériens. Cela devrait sonner le glas de ce projet »… A moins que l’armée ne batte en retraite devant les éoliennes…

L’Auvergne est hérissée de 116 mâts (200 MW) dans 14 sites en service. Deux sites sont en construction (12 mâts) pour une puissance totale de 230 Mw, et 15 projets sont en attente pour 87 mâts (dont 8 mâts « transfrontaliers » en Creuse et dans le Lot). Dans l’Allier neuf éoliennes produisent 17 MW. 20 autres (59 MW) sont en attente ou construction. Le Cantal produit 92 MW avec 39 mâts. 26 dossiers sont en attente ou construction pour 75 MW. 41 éoliennes en HauteLoire produisent 69 MW, et six autres attendent pour 72 MW. Le Puy-de-Dôme compte 27 mâts en service (22 MW), et sept autres sites sont en attente (84 MW). Les deux sites puydomois en service sont d’une part, sur les communes de Mazoires/ La-Chapelle-Marcousse dans le Sancy (26 mâts et 21 MW), et d’autre part, à St-Hilaire-la-Croix ( 6 mâts pour 1,2 MW). Les autres dossiers sont instruits par le service du développement durable de la DREAL- Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, ou bloqués par un contentieux : St-André-le-Coq (6 mâts et 18 MW), St-Julien-Puy-Lavèze (deux dossiers pour 12 mâts et 24 MW au total), Briffons/ Prondines (6 mâts et 5 MW), Saint-Clément-de-Valorgue (5 mâts et 10 MW), Saint-Sulpice (6 mâts et 12 MW) et à Pardines/ Perrier, près d’Issoire (5 mâts et 15 MW). Un dossier est particulièrement sensible dans le Cantal, celui du plateau de Coyan à Polminhac ( 9 mâts, 21 MW). Là, les éoliennes seraient visibles du puy Mary, qui pourrait alors perdre son label de Grand site de France, et sa fréquentation touristique. Autant de paysages dévastés, ou menacés, alors que l’Auvergne contribue aux énergies renouvelables (et sans intermittence) avec le bois de ses forêts, et avec sa dizaine de grands barrages hydroélectriques.

Chausses-trappes et coups fourrés
2- André Chassaigne lutte contre l’invasion de ces gigantesques moulins à vents (©JJA).
« Les écolos sont prêts à tout pour mettre des éoliennes partout », explique André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme. Le gouvernement voulait enlever les éoliennes du classement des ICPE- installations classées pour la protection de l’environnement, dans le cadre de la loi sur la transition énergétique. André Chassaigne a bataillé à l’Assemblée nationale, une nuit jusqu’à 3 heures du matin, en octobre dernier pour faire annuler cette disposition. « les éoliennes auraient juste été soumises à une simple déclaration. Mais ils sont retournés à la charge dans le cadre de la loi Macron, sous l’angle subtil de la suppression de l’affichage obligatoire du permis de construire. C’est astucieux : le délai de six mois pour un recours judiciaire court à partir de la date d’affichage ». Mais voilà, cet amendement voté en commission est passé. Désormais, le temps de recours contre un projet éolien est ramené à deux mois, et le délai part de la décision du préfet, et non plus de l’affichage du permis de construire ! « Je suis remonté spécialement à Paris un vendredi de février, quand cet amendement est arrivé en discussion », explique André Chassaigne. En vain. L’élu du Livradois a cependant réussi a bloquer une autre tentative visant à sortir du classement ICPE, qui induit une enquête publique, donc l’information de la population. « Cela a été terrible. Ils ont été d’une rare violence contre moi à l’Assemblée nationale. Les Verts veulent absolument limiter les contestations des gens contre les dossiers éoliens. Les riverains ne veulent pas des nuisances, et dénoncent aussi les atteintes au paysage. La Ligue pour la protection des oiseaux constate une surmortalité des oiseaux à proximité des sites éoliens… ». Autre rebondissement : en avril 2013, la loi Brottes a supprimé les Zones de développement éolien qui imposaient d’installer cinq mâts au minimum, afin d’éviter la dispersion. Les sénateurs ont voté le rétablissement des ZDE et veulent aussi une distance minimale d’1km avec les habitations, au lieu de 500 m. Sur ce point, cela va se jouer le 10 mars, devant la Commission mixte paritaire qui va trancher. En Grande-Bretagne et en Allemagne, la distance minimum est d’1,5km, et de 2 km aux USA. De son côté, Stop Eole a attaqué le Schéma régional climat, air, énergie du Conseil régional. Le dossier est en appel à la cour administrative de Lyon.

L’an dernier, un jugement a annulé le SRCAE et le Schéma éolien de la Région Ile-de-France. La FED- Fédération Environnement durable poursuit la CSPE- contribution sociale pour la production d’électricité, qui finance l’éolien, et veut faire annuler toutes les factures d’EDF sur cinq ans ! Des procédures sont en cours à Clermont-Ferrand, Le Puy, Montpellier et Toulon. A noter aussi, qu’un couple a obtenu en 1ère instance la démolition de dix éoliennes édifiées à proximité de sa propriété devant le TGI de Montpellier. Le tribunal a retenu la dégradation de l’environnement, un préjudice auditif et un préjudice d’atteinte à la vue « dû au clignotement de flashes blancs ou rouges toutes les deux secondes, de jour comme de nuit ».                             Qui voudrait habiter en face ? Le dossier est en appel.                                                                           Ce que dit la Frane : Marc Saumureau, président de la FRANE- Fédération de la région Auvergne pour la nature et l’environnement, est favorable à l’utilisation du vent, mais pas n’importe où.    « Dans les couloirs de vent des zones industrielles, ce serait parfait ! Nous sommes favorables à de petites éoliennes pour alimenter une maison ou une entreprise. Mais de grands parcs de panneaux solaires, ou d’éoliennes, ce n’est pas l’idéal. Il faut aussi tenir compte de l’accès aux sites éoliens, qui impose la construction de routes à travers les forêts, voire les zones humides- cela s’est déjà produit-, et d’infrastructures annexes de connexion au réseau électrique. « En outre, l’éolien est revendu a un coût très élevé à EDF. Là, on est dans la finance, et c’est inacceptable. Le principe de l’éolien est bon, mais on ne doit pas faire n’importe quoi ».