Le projet OGS court sur son erre…

Les réponses apportées aux objections soulevées par les associations environnementales à la suite du comité consultatif de septembre 2015

A la suite de la réunion du Comité Consultatif du 7 septembre 2015, les associations environnementales de Bien Vivre à Plurien, Erquy Environnement et Fréhel Environnement ont adressé conjointement, le 11 septembre,  à Monsieur le Préfet des Côtes d’Armor et à M. Le Président du Syndicat des Caps, une lettre rappelant les objections qu’elles avaient  soulevées lors du Comité Consultatif pour qu’elles soient prises en compte lors de la réunion du Comité de Pilotage prévu le 22 octobre. Rappelons que ces objections portaient sur trois points : l’absence de consultation des populations locales, l’impact négatif du futur parc éolien offshore sur une possible labellisation et la viabilité financière du projet.

Une réponse nous a été adressée le 14 octobre 2015. Sur la consultation des populations locales, il nous est rappelé que des groupes de travail ont été réunis en 2013 et 2014. De fait ces groupes ont été réunis en janvier-février 2014 pour une première série et en mai-juin 2014 pour une seconde fois pour collecter des idées de toute nature. Ces idées  ont été ensuite classées et formulées par les deux cabinets de consultants, aujourd’hui remerciés. Nous ne reviendrons pas sur l’utilisation dévoyée d’une méthode dite de « brainstorming » (dans laquelle, normalement,  on ne se contente pas de faire énumérer des idées mais où les participants sont normalement associés jusqu’à leur mise en forme). Il y a loin évidemment de ce recueil d’idées diverses sur des post-it à des idées abouties et c’est la raison pour laquelle il nous paraît absolument trompeur et abusif de se retrancher derrière l’organisation de ces groupes de travail pour faire état d’une association des populations locales, voire, comme il a été dit parfois, pour parler d’une « concertation ».

La distance n’a fait que s’accroître entre une production d’idées brutes qui date de près d’un an et demi et la reprise en mains en interne par le Syndicat des Caps, à la suite du COPIL de novembre 2014, des travaux de rédaction des consultants jugés insatisfaisants. Ces travaux – qui sont des travaux de fond, et non de réécriture, comme on voudrait nous le faire entendre – ont été conduits en dehors de toute sollicitation d’une réaction potentielle des populations locales. Les membres du comité consultatif de septembre 2015 ont été réunis pour être informés sur des fiches-actions rédigées dont ils ne faisaient que découvrir le contenu.

Il nous est répondu aujourd’hui qu’il existe une « boîte à idées », vieille initiative managériale des années 70 dont on sait depuis longtemps qu’elle ne sert à rien sauf à recueillir quelques propos déplacés.

Plus sérieusement, il nous est dit qu’il appartiendra aux maîtres d’ouvrages chargés de la mise en œuvre de ces actions d’organiser – ou non – une consultation de la population locale et d’« encourager la participation des populations concernées par ces projets ». Sans vouloir faire preuve de pessimisme,  il paraît bien difficile d’imaginer que  les populations locales vont se mobiliser sur une action spécifique alors qu’elles n’ont jamais été associées à une réflexion d’ensemble sur l’économie du projet. A ce stade, chacun se demande pourquoi cette fiche, pourquoi cette action et pas une autre.  Au mieux on peut considérer que les populations locales  ont reçu une information sur les objectifs officiels de la démarche, sur ses phases et sur le contenu des fiches-actions. A titre d’exemple, Fréhel Environnement a communiqué à tous ses adhérents ce contenu en demandant des observations. A ce jour, aucune réaction ne s’est manifestée. Il est clair aujourd’hui que les habitants, qui sont aussi des citoyens,  savent que toute cette opération se déroule en dehors d’eux mais qu’il n’est pas interdit de penser qu’ils participeront un jour ou l’autre au financement de ces opérations, ce qui n’engendre pas un enthousiasme excessif.

En ce qui concerne le souci d’obtenir un label alors que dans le même temps se profile à 17 km du Cap Fréhel, visible de tout le territoire sur lequel porte l’opération OGS, un énorme projet industriel de construction d’un parc éolien offshore, la réponse ne fait que se répéter (cf. réponse d’octobre 2014 de M. le Préfet à une lettre d’Erquy environnement) sans donner lieu à une réflexion de fond. On vise à protéger le littoral et on saccage le milieu maritime et ses ressources. On compte améliorer l’accueil des touristes normalement attirés par un  paysage exceptionnel pour leur offrir une vue détruite, défigurée par des travaux avant de l’être par des éoliennes de  neuf fois la hauteur du phare du Grand Léjeon, avec une des plus belles plages de la région gravement impactée par la présence sous le sable de câbles de 225 000 volts, alors que le principe de précaution exigerait la plus grande circonspection. Peut-on raisonnablement continuer à prétendre augmenter ainsi la fréquentation touristique et miser sur des retombées économiques ?

Devant un tel aveuglement, nous ne pouvons que renouveler notre incompréhension et parier, sans trop risquer de nous tromper que la labellisation recherchée ne sera jamais obtenue car aucun site n’a jamais été labellisé qui ait en vue une installation industrielle offshore, qui plus est de cette ampleur.

Qu’une consultation publique soit ouverte prochainement permettra effectivement à la population de s’exprimer et nous souhaitons vivement que tout soit mis en œuvre pour que cette consultation ait bien lieu dans des conditions irréprochables et qu’on ne passe pas outre ses résultats.

Pour ce qui concerne le financement, le fait qu’il soit multi partenarial et décidé par le biais de la signature d’une convention, comme il nous a été répondu, ne nous rassure nullement. Si certaines fiches peuvent ne pas entraîner de coûts supplémentaires, il n’en demeure pas moins qu’un coût a été annoncé, qu’il est élevé et sera sans nul doute dépassé, puisque si l’on se réfère au compte rendu du COPIL du 22 septembre (cf. ci-après), sur certains points au moins et selon M. le Président du Syndicat des Caps « la question du financement ne peut pas être détaillée à ce jour ». Il faut ajouter que s’agissant d’investissements,  nul retour d’investissement n’a encore été évoqué.

La réunion du COPIL du 22 septembre 2015

On trouvera sur le site du Syndicat des Caps (www.grandsite-capserquyfrehel.com) le compte-rendu de ce Comité de Pilotage de l’Opération Grand Site, présidé par M. le Préfet des Côtes d’Armor et M. Le Président du Syndicat mixte des caps d’Erquy et Fréhel. Ce comité avait pour objectif de valider le contenu des 22 fiches-actions présentées au comité consultatif – fiches qui ont été transmises en septembre à chacun des adhérents de Fréhel Environnement. Cet objectif a été atteint en cours de réunion.

Nous avons pu constater que les questions posées par les associations environnementales ont été énoncées et ont reçu, en bref, les mêmes réponses que celles reprises ci-dessus. Au passage, notons qu’il a été dit comme possible de compléter les fiches-actions par des projets : la réhabilitation des carrières de Fréhel est citée à cette occasion.

Pour Fréhel, M. Cailliot  a regretté que la fiche concernant les campings n’ait pas été modifiée comme demandé, le passage de la véloroute au niveau du parking du camping posant problème. M. le Préfet a profité de cette intervention pour faire remarquer que le camping de Fréhel « constitue un sujet sensible et notamment sa plage » et indiqué aux représentants du conseil municipal de Fréhel « qu’il convient de responsabiliser les occupants et notamment certains campeurs qui s’installent pratiquement sur la plage, ce qui s’apparenterait à du camping sauvage ». Cela étant, il a ouvert une possibilité de débattre du passage de la véloroute littorale si Fréhel le souhaite « car son association à cette opération est toujours possible ». De son côté le Président du Syndicat des Caps « espère que Fréhel rejoindra cette opération qu’il envisage de présenter prochainement au conseil municipal ».

D’autres sujets que les campings ont bien entendu mobilisé le COPIL (travaux de la Fauconnière, réflexion sur la structure de gouvernance, mise en place d’indicateurs de suivi des actions en cours de réalisation, saturation du parking du Cap Fréhel, circuits de déplacements doux, recherche de tracés et d’aménagements fonction d’un schéma global de circulation routière, etc.).

M. Morin indique que la prochaine étape sera la mise en œuvre du programme d’actions courant 2016, le développement touristique représentant « un atout majeur… en cette période de crise économique ». Pour y parvenir, selon M. le Sous-Préfet de Dinan, « chacun doit apporter les éléments permettant une convergence vers la labellisation… le terme d’injonction est à rayer d’emblée. En cas de blocage, il convient de se réunir, voire de constituer des groupes de travail ».

Dans cette nouvelle phase, l’association Fréhel Environnement sera  attentive  à ce que la Mairie de Fréhel, maître d’ouvrage sur son territoire, sera prête à investir pour mettre en œuvre ce plan d’actions.

Pour Fréhel Environnement, Nicole Beaudlet