Lettre ouverte de la Fédération Environnement Durable à M. le Ministre d’Etat Nicolas Hulot

copie à :    M. le Président de la République
M. le Premier Ministre

Paris le 8 février 2018

Monsieur le Ministre d’Etat,

La Fédération Environnement Durable regroupe à cette date plus de 1.300 associations et collectifs de toutes les régions de France.

Elle refuse l’éolien industriel.

Elle s’est associée à la Fédération Vent de Colère et aux associations de protection du patrimoine pour dénoncer les mesures prises par la commission Lecornu, notamment celles qui tentent de museler l’opposition des citoyens et des associations loi 1901, en voulant mettre en place des procédures dérogatoires au droit commun français et plus particulièrement celle concernant la suppression des Tribunaux Administratifs.

Elle mettra en œuvre tous les moyens légaux nationaux et internationaux pour lutter contre ces mesures.
Motion ci-jointe votée par le C.A. de la FED du 27 janvier 2018 

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre d’Etat, l’expression de ma haute considération.

Jean-Louis Butré
Président de la Fédération Environnement Durable

Onze raisons qui conduisent la FED à refuser l’éolien industriel.

L’éolien en France. Pourquoi faire ?

Diminuer les rejets de gaz à effet de serre ?

NON : 95% de notre électricité est produite par un parc qui n’émet pas de gaz à effet de serre (record des pays industrialisés). Il est difficile de faire mieux. Au contraire, l’intermittence des éoliennes augmente ces émissions à cause du soutien obligatoire de centrales thermiques à gaz et à charbon comme en Allemagne.

Accroître la sécurité d’approvisionnement ?

NON : Leur disponibilité fantaisiste ne permet pas de compter sur les éoliennes (jours sans vent signifie « pas d’électricité », car cette dernière n’est pas stockable à l’échelle d’un pays).
Les scénarios RTE : 50% de nucléaire en 2050, ou celui de l’Ademe (100%), mettent en danger la sécurité d’approvisionnement de l’électricité en France.
Les énergies renouvelables déséquilibrent le réseau par les brusques variations de production, avec des risques grandissants.
On constate en comparant les 4 scénarios de RTE que, plus on diminue la part du nucléaire, plus le risque de coupure est élevé.

Réduire le coût de l’électricité ?

NON : Le courant acheté prioritairement et obligatoirement est payé aux producteurs deux à sept fois plus cher que le « mix » EDF.
Ce coût est compensé par une ponction : la CSPE sur notre facture EDF.
Elle dépassera 8 milliards d’euros en 2018, et elle atteindra 20 milliards d’euros par an dans dix ans.
Le prix de l’électricité « explose », au détriment du pouvoir d’achat des Français.
Les 8 millions de ménages les plus démunis et en situation énergétique précaire seront les victimes. Seuls quelques affairistes profitent de ce système immoral.

Produire une électricité de proximité ?

NON : l’éolien industriel est raccordé au réseau. Des milliers de pylônes et de transformateurs électriques supplémentaires ainsi que 4000 km de lignes à haute tension sont nécessaires pour connecter ces dizaines de milliers de points de production d’électricité intermittente.

Améliorer notre balance des paiements ?

NON : Et c’est même catastrophique. Presque tout le matériel est importé, principalement, d’Allemagne, du Danemark, et maintenant de Chine.
La France subventionne des emplois dans ces pays et en détruit en France en affaiblissant la compétitivité des industries consommatrices d’électricité.

Améliorer l’environnement ?

NON : Bientôt 25.000 socles de béton armé, pesant chacun 1.500 tonnes, soit un total de
35 millions de tonnes de béton armé qui ne sera jamais retiré du sol.

Les parcs naturels, les forêts, les zones protégées et les lieux de mémoire sont violés. La faune est menacée par des pales tournant à plus 300 km/h. L’atteinte à la biodiversité est catastrophique. Compte tenu du coût exorbitant du démantèlement des éoliennes, le territoire conservera de multiples friches industrielles.

Créer de l’emploi ?

NON : La main d’œuvre, généralement importée car moins chère, se déplace au gré des chantiers de montage. Même les centres de contrôle des éoliennes implantées en France sont pour la plupart situés en Allemagne, voire au Canada.

Au contraire, le renchérissement du coût de l’électricité par les énergies renouvelables détruit de l’emploi dans l’industrie en France comme dans l’économie touristique.

Les 2 sociétés qui fabriquaient du matériel ou des éoliennes sont en faillite (France Eole et Vergnet, sans compter le fiasco d’Areva dans l’éolien offshore)

Protéger les paysages, le patrimoine historique et celui des particuliers ?

NON : Le patrimoine historique et les paysages sont massacrés partout en France. (5)(6)(7)

Concernant les particuliers des moins-values de 10 à 30% sont estimées pour les maisons des riverains dans un rayon de plusieurs kilomètres.
(La FED a été auditionnée le 5 février 2018 sur ce sujet par la Chambre de Notaires)

Garantir la santé ?

NON : Voir les conclusions de l’Académie de médecine sur les gênes occasionnées par les éoliennes dans son rapport du 3 mai 2017  (http://www.academie-medecine.fr/).

Cette Académie recommande – entre autres – de ne pas installer d’éolienne à moins de 1500 m des habitations, et de diminuer sensiblement le bruit.

Développer le tourisme ?

NON : Les touristes désertent les zones « décorées » d’éoliennes. Seule la menace par l’UNESCO de retirer son « classement au patrimoine mondial » pour le Mont-Saint Michel a fait reculer la soumission de l’autorité environnementale et préfectorale au lobby éolien.

Mais alors pourquoi ?

  • Parce que le business des énergies intermittences éoliennes est particulièrement rémunérateur, grâce aux subventions publiques financées par les consommateurs d’électricité.
    Il y trop d’argent dans l’éolien sans aucun contrôle des circuits financiers. Même en transformant les diverses subventions actuelles en certificats ou primes, ce programme consisterait à vouloir nier les fraudes et la spéculation. La commission Lecornu prendrait la responsabilité de cautionner un système opaque.
  • Parce que certaines ONG comme WWF ou Greenpeace promoteur eolien déguisé se sont infiltrées dans les services de l’Etat, notamment à travers l’ADEME, au service du lobby des renouvelables. Ils contrôlent les médias et par la « pensée unique » ils tentent de criminaliser les opposants en faisant croire depuis plus de 15 ans que seuls le vent et le soleil produiraient une électricité « propre ».

En résumé :

En réponse à sa prise de conscience écologique, l’opinion publique découvre que les gouvernements successifs ont jeté leur dévolu sur l’éolien sans avoir pris le temps d’en peser préalablement ni les contraintes d’exploitation, ni les vrais impacts sur l’environnement.

Il serait extrêmement regrettable que la France continue dans cette voie éolienne, non seulement pour des raisons anti économiques et de son impact négatif sur l’écologie, mais aussi à cause de ses effets néfastes sur les riverains.

Laisser implanter des éoliennes qui dépassent maintenant 200 mètres de haut à 500 mètres des habitations n’est pas acceptable. La distance de protection doit être immédiatement augmentée, comme l’ont fait certains pays, en la portant à 10 fois la hauteur en bout de pâle.
(Allemagne Bavière notamment)
La FED rappelle aussi que le Sénat avait voté une loi pour imposer 1.000 mètres

L’ensemble de ces constatations est à l’origine d’un grand désordre, tant dans l’application locale de la politique énergétique de l’État que dans le financement.
La création de groupes autonomes de défense, telle les ZAD anti-éoliennes de l’Aveyron (Amassada) et celle de Bourriège dans l’Aude, ne sont que la conséquence de cette politique gouvernementale à la solde du lobby des promoteurs éoliens

Si ce programme est poursuivi il appartiendra aux juges de rétablir ce que le gouvernement aura omis de faire, avec toutes les conséquences néfastes prévisibles.

On peut, en tant que citoyen :

– combattre les mécanismes qui ont asservi la Transition énergétique à l’industrie éolienne.

– refuser que des pays soient sous l’emprise d’une idéologie qui a réussi à culpabiliser les citoyens, contrôler certains services publics nationaux et détourner l’ écologie véritable de ces buts fondamentaux.

– dénoncer un mensonge écologique

– tenter de sauver la nature et la biodiversité dans des zones non industrialisées ou banalisées.

– lutter sans merci pour protéger le patrimoine, et la richesse de la France pour lui garder ses spécificités et ses atouts historiques dans un monde de plus en plus « marchandisé ».

Les citoyens français n’accepteront jamais la destruction de leur environnement et de leur patrimoine par des éoliennes inutiles et ruineuses. L’espace, la nature, le silence, la lumière, l’air, la pureté de l’eau, la biodiversité sont des trésors précieux qui ont de plus en plus de valeur dans un monde de plus en plus industrialisé.